Pour fêter ses 70 ans, Viviane Morlet avait reçu un perfide cadeau. Les créatures, qu'on dit imaginaires, l'avaient enfermé dans une cage pour y ronger un os de nostalgie. Depuis, chaque nuit, elle y pleurait sa belle enfance à jamais perdue. Elle mouillait son oreiller de larmes salées en rêvant qu'elle se noyait au fond de l'océan breton. Elle rêvait qu'elle avalait des poissons puis parlait en bulles de savon.
Les gens bien-pensants disaient qu'elle était retombée en enfance. Qu'elle marchait dans les flaques de pluie et mangeait la confiture de fraises avec ses doigts. Qu'elle enlaçait les grands arbres en leur murmurant des secrets. Ses voisins se plaignaient que parfois elle leur tirait la langue.
Même un bouton d'or fané reste un bouton d'or. Elle était juste une gamine qui avait doucement vieillit. Une jolie gamine à cheveux blancs, taquinée par les abomiffreuses semeuses de mélancolie bleue.
Son prénom commençait par Vie et son nom par Mort, elle s'appelait Viviane Morlet. Une nuit telle une somnambule elle est partie dans la forêt pour y rejoindre les créatures qu'on dit imaginaires. Depuis Viviane vit sur l'île d'Avalon, elle a des cheveux blonds et son sourire a comme un goût de bonbon.
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