vendredi 13 septembre 2013

LE COUP DU LUTIN



Maintenant qu’il était en cinquième, Lucas avait le droit d’aller au collège à vélo. A douze ans, il était grand temps que ses parents ne le prennent plus pour un gamin. Entre le hameau de la Houillère et le village de Champagney, son trajet lui faisait traverser une grande zone forestière. La petite route qu’il suivait chaque matin et chaque soir traçait comme une frontière grise entre le bois de feuillu et celui de conifères.
Lucas faisait ce trajet depuis quelques semaines quand un lundi matin, il lui arriva quelque chose d’étrange. A quelques mètres devant lui, une « chose » a traversé la route. Grosse comme un chat et sautillante comme un kangourou.  Une chose ? Une bête ? Lucas ne savait pas trop. Tout c’était passé très vite, la route aussi n’était pas très large. Quelques enjambées suffisaient à la traverser. Il lui semblait pourtant que la chose portait un bonnet rouge. Le gamin l’aurait presque juré. Seulement, un kangourou miniature avec un bonnet rouge, c’était complètement idiot ! N’empêche ! Un truc bizarre avait traversé et Lucas ne pouvait s’empêcher de se demander ce que c’était ? Un lapin, lui dictait la pensée raisonnable. Non un lutin !  Soufflait la pensée déraisonnable.
Un lutin ce n’était pas plus crédible qu’un kangourou miniature mais çà ressemblait plus à ce qu’il avait vu. Cru voir, corrigeait la pensée raisonnable. Un peu plus tard, au collège, la sonnerie du début des cours n’a pas réussit à dissiper l’étrange malaise. Lucas a pensé à cette rencontre toute la journée. En cours de géographie, il avait l’air si rêveur que le prof a menacé de le coller s’il ne revenait pas sur terre.  Au collège rêver était un crime de lez-majesté. Rêver c’était pire que dire des gros mots, pire que de copier sur un camarade. Au collège, rêver était un mot proscrit par le ministère de l’éducation nationale ! Alors c’était sûr si Lucas se mettait à parler de lutin ce serait illico trois jours de mise à pieds. Et convocation des parents.
Lucas ne pouvait parler de son étrange rencontre qu’à son grand-père.  Un ancien bucheron qui avait passé toute sa vie en forêt. Quand il était petit, son grand-père lui avait souvent parlé  des esprits des bois. Le pire c’est que le vieux bonhomme  ne plaisantait pas. Il vous regardait droit dans les yeux en vous affirmant que ces créatures des bois n’étaient pas des légendes. Elles existaient vraiment. Et Lucas voyait bien que c’était du sérieux. Il voyait bien que son grand-père en avait déjà vu.

 
Mardi matin, vers 8h quinze, Lucas pédalait sur la route du collège en essayant de ne pas penser à son ‘étrange rencontre de la veille. Et pis voilà, parfois le sort s’acharne. À la même heure et au même endroit, le truc à bonnet rouge a de nouveau traversé. Cette fois, Lucas voulu en avoir le cœur net. Sans hésiter, il s’est débarrasser de son sac d’école, il a jeté son vélo dans le fossé et l’intrépide collégien a foncé derrière la chose sautillante. Il savait que c’était la poursuite de sa vie.  Une occasion pareille ne se représenterait peut-être jamais plus. Lucas a zigzagué dans les broussailles, dans les ronces et les orties. Il a sauté un ruisseau, deux ruisseaux. Il a dérapé dans les feuilles mortes, s’est cogné contre des branches, a buté contre des racines mais rien ne le freinait vraiment. Lucas ne voulait pas lâcher sa proie. Il y mettait toutes ses forces car plus de doute c’était bien un lutin qu’il poursuivait. Un Foultot à bonnet rouge et barbe jaune. De temps en temps, tout en continuant à courir, la petite créature lui jetait un coup d’œil agacé. Presque fâché. Lucas ne se laissait pas impressionné, il courait à vive allure, gagnait du terrain. Ses yeux émerveillés restaient aimantés au petit bonnet rouge. Le gamin était si attentif à ne pas se laissé distancer qu’il ne s’étonnait même pas de cette situation incroyable. «  C’est l’heure de la rentrée des classes, tu vas rater le cours de math », prévenait la pensée raisonnable. «  On s’en fout ! » grognait la pensée déraisonnable. Cette course folle dans la forêt a durée peut-être une heure, peut-être plus. Lucas avait perdu la notion du temps. Il courait et rien d’autre ne comptait, même pas le temps.  Il a tout de même finit par traverser un buisson de fougères et il a débouché dans un champ. Alors, devant lui, en pleine lumière, il a vu …un lapin qui gambadait. Oui, un lapin roux. Lucas a reprit son souffle tout en regardant l’animal disparaitre au loin. Lucas avait terminé sa course poursuite.
Maintenant je vous entends déjà  marmonner «  hein, c’est tout ? » tout çà pour un vulgaire lapin ? Oui, là on voit bien que vous n’y connaissez pas grand-chose en matière de lutin. Car ces farceurs sont maitres dans l’art de la métamorphose. Croyez-moi,  le lapin était bel et bien le lutin déguisé.
Si vous souhaitez une preuve matérielle de cette aventure. Je vous invite à vous rendre dans la salle des surveillants du collège de Champagney. Vous y verrez, bien en évidence,  encadré sur le mur, un billet d’absence au nom du petit Lucas. Un mot d’excuse remplit par le grand-père. On peut y lire.
En retard pour cause de lutin.

Alors une preuve pareille ça devrait vous clouer le bec !

 

jeudi 5 septembre 2013

Le ru des fées






Cela fait déjà bien longtemps que je le chante sur tous les tons, que je m’use la langue à le rabâcher  sans me lasser, aussi je ne vais pas hésiter à vous le radoter encore aujourd’hui: les vraies fées n’ont rien à voir avec les belles dames des contes de fées. Oui mesdames messieurs qu’on se le dise une bonne fois pour toute ! Et Tant pis si cela doit décevoir des troupeaux entiers de fillettes abreuvée de contes de Perrault assaisonné de Walt Disney mais  les vraies fées ne ressemblent pas  à la marraine de Peau d’Ane ni à celle de Cendrillon ! C’est comme çà, on y peut rien. C’est juste la vraie vérité.

La plupart des choses que je connais à propos des fées de Franche-Comté, je le tiens de ma grand-mère. Et il ferait beau voir que quelqu’un vienne à la traiter de menteuse ! Si ma grand-mère affirme que les fées de chez nous ne portent pas de chapeau pointu, ni de grande robe aux couleurs de l’arc-en-ciel c’est qu’elle en connait un bout sur le sujet. Car des fées, voyez-vous, ma grand-mère en a vraiment rencontrer durant sa longue existence. Et pas qu’une fois !
Quand elle était encore toute gamine ma grand-mère habitait une petite ferme du côté d’Héricourt. À deux pas de chez elle coulait un modeste cours d’eau qu’on appelait le ru des fées. Aujourd’hui, les habitants des environs ont oublié son nom mais il coule toujours. Quant à savoir s’il y a encore des fées çà c’est une autre histoire. En tous cas en 1926, les gens du coin croyaient que  des fées habitaient dans ce ruisseau. Et dites-vous bien qu’en 1926 les gens n’étaient pas plus crédules qu’aujourd’hui, seulement en 1926 on n’avait pas la télévision ni internet alors on était encore curieux du monde d’alentours. Et si l’on veut bien y prêter attention,  on se rend compte que le monde d’alentours est souvent rempli de choses mystérieuses. Les fées rustiques qui voisinaient non loin de la ferme de ma grand-mère étaient du genre discret et ne se montraient pas à tout le monde. Les rares personnes à les avoir aperçut disaient qu’elles ressemblaient à  une sorte de belette ou d’écureuil. Ils ajoutaient aussi qu’il valait mieux ne pas les déranger car elles possédaient un méchant caractère. C’était si vrai que les pêcheurs  d’écrevisses évitaient  de venir mouiller leurs bottes dans leur ruisseau.
Quand elle était petite fille ma grand-mère n’était pas plus sage qu’une autre. Et même, à l’en croire,  peut-être un peu moins que la moyenne.  Elle montrait déjà une insatiable curiosité pour le monde d’alentour. Et c’était souvent cette curiosité qui l’incitait à ne pas toujours suivre les conseils des grandes personnes. On l’avait souvent avertit qu’il ne fallait pas s’approcher du ru des fées, tout particulièrement quand tombait le soir. Et bien elle n’avait rien écouté. Pour elle si on lui disait de ne pas y aller c’était qu’il y avait surement quelque chose de très intéressant à y voir. Aussi un soir du mois de septembre 1926, ma grand-mère s’approcha du ruisseau à pas de loup et ma foi elle ne fut pas déçue. Elle arrivait à quelques pas du bord quand elle vit détaler une espèce de jolie bestiole toute blanche. Alors aussi sec la gamine s’est lancer à sa poursuite. Pensez donc, attraper une fée ! Ce n’était pas une aventure à manquer. La petite à traverser le ruisseau puis elle a courut aussi vite qu’elle le pouvait, à s’en faire exploser les poumons mais la petite créature à finit par lui échapper. Ma grand-mère est rentrée chez elle sans être trop déçue car elle se disait que tout de même ce n’était pas tout l’monde qui avait la chance de courir après une fée.
Le lendemain matin quand elle a voulut s’habiller, elle a retrouvé ses habits tout grignotés. Un vrai désastre vestimentaire. Comme si des rongeurs s’étaient amusés à les perforés avec leurs petites dents pointues. Bien sûr elle a trouvé çà étrange. Mais sur le coup elle n’a pas fait le lien avec sa course folle de la veille. Sa poursuite de la fée. Mais voilà la nuit suivante ça a été pareil, et celle d’après encore. Jusqu’à ce qu’elle raconte tout à sa mère.
Sa mère lui a dit : c’est parce que tu as poursuivit la fée du ruisseau. Elle est venue se venger. En suivant ton odeur elle a trouvé où tu vivais et elle à croqué tes habits. Je t’avais prévenu ces fées-là n’ont pas bon caractère.
C’est à ce moment-là que ma grand-mère à comprit qu’il fallait respecter les créatures faramineuses du monde d’alentour alors pour se faire pardonner elle a été porter une poignée de noisettes au bord du ruisseau. Et depuis cette fois-là elle n’a plus jamais eut d’ennui avec les fées. Elle était pour toujours devenue leur amie. Et c’est comme çà que je me souviens d’elle comme une amie des fées.

dimanche 1 septembre 2013

Septembre

 modddy:

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