les fées sont les flammes du grand feu de joie qui s'appelle l'imaginaire
samedi 27 décembre 2014
vendredi 26 décembre 2014
mercredi 3 décembre 2014
vendredi 13 juin 2014
L 'autre jour petite visite à Fréquence Amitié Vesoul, un moment très sympa avec Danielle.
POUR ECOUTER:
Hervé Thiry-Duval nous fait entrer dans l'univers des fées
Le 3 juin Hervé Thiry-Duval présent dans nos studios nous a fait
découvrir la Franche Comté, pays de contes, de légendes et peuplée de
personnages féeriques, à travers ses livres notamment le dernier
intitulé "Les Franches contées".
POUR ECOUTER:
vendredi 6 juin 2014
jeudi 5 juin 2014
lundi 19 mai 2014
samedi 3 mai 2014
VOBERA
C’était une profonde
caverne de roches grises et moussues, remplie d’ombres rampantes et
d’obscurités humides. Elle se trouve perdue au cœur d’une vieille forêt de
Franche-Comté. Bien loin des vilaines villes humaines, inféodées à la fée
électricité. Presque invisible dans le décor sauvage, telle un monument de
silence, la caverne semble commémorer un âge d’or à jamais perdu. Au temps
celtiques, les derniers druides du peuple Séquane y ont chanté un ultime chant
avant de périr sous les assauts de la civilisation romaine.
C’est là que vit la
vouivre. Vobéra. L’hiver tapis sous l’épais manteau de neige, elle rêve et ses
songes dansent dans son œil plus lumineux qu’un soleil rouge. Au printemps,
elle sort de sa tannière et, du dernier coup de minuit jusqu’au premier chant
du coq, la vouivre parcourt son domaine, sa forêt.
Libre et secrète, Vobéra
vole d’une montagne à l’autre. Se baigne dans les sources et les torrents. Son
règne sur la forêt semble sans fin aux promeneurs qui viennent sur ses terres
respirer sa légende.
Un jour des hommes
étrangers au pays se mirent en tête de construire une route au cœur du territoire
de la vouivre. Vobéra fut éveillé par les rugissements d’un troupeau de
bulldozers affamés. Déjà son sang de dragon lui injectait les yeux. Les
machines la déconcertaient, lui répugnaient. Et les machines étaient au centre
du monde des hommes. Ce monde mécanique lui faisait horreur. Dés le premier
jour, elle décida de frapper les ennemis de sa forêt.
La nuit venue, Vobéra fit
appel aux corbeaux. Du haut de sa colline elle les lança comme des flèches
noires et vivantes sur les machines jaunes endormies. Les oiseaux cognèrent dur
les monstres de tôles et les maculèrent de leurs fientes au-delà de
l’imagination. Rien n’y fit. Les hommes ne comprirent pas l’avertissement. Au
matin, maudissant les corbeaux, ils reprirent leur œuvre de désolation. Sans
plus se poser de question. Le lendemain lorsque les vieux saules tombèrent, la
vouivre hurla tout le jour. un vent haineux, criant et sifflant comme pies et
serpents couvrit le vacarme polluant des moteurs. C’est alors que les anciens
du village – qui ne goûtaient guère ces blessures dans le paysage – reparlèrent
des vieilles légendes. De la vouivre de la forêt. Mais les hommes du chantier
leur rirent au nez.
Le quatrième jour, les
bulldozers avancèrent là où jamais machines n’avaient pénétré. Alors il fut
trop tard. La vouivre voulut sa vengeance.
La nuit venue, la fée
dragon décida de montrer sa toute puissance.
Habillée de vent, d’herbes mouillées et de feuilles ruisselantes, la
vouivre commanda la sauvagerie du ciel. Brusquement ce fut l’obscurité. Toute
la douce lumière qui venait de l’astre de nuit disparut : les grandes
ailes de la vouivre se tenaient devant la lune.
Vobéra était comme un chef
d’orchestre fou s’enivrant de sa musique. Elle dirigeait les instruments de sa
colère. Le tonnerre assourdissant. La grêle, les éclairs aveuglants. Les quatre
vents, les averses crépitantes, les sifflements de branches, les crissements de
pierres, les sources débordantes…
Pour défendre sa forêt,
Vobéra enfantait l’orage. Un orage rageur. Une nuit de vouivre ! Elle
semait la terreur dans les cœurs humains. Les humains, si petits, si nus, si
impuissants dans leurs maisons rendues noires et crétines par les coupures
d’électricité.
L’orage coulait en
ruisseaux et ses ruisseaux couraient dans les rues du village comme les
serpents de la vouivre furieuse. Monstres d’eau qui se riait, des gouttières et
des caniveaux.
La vouivre riait en voyant
les toits s’envoler, les machines se retourner, les caves s’inonder… les hommes
eux se cachaient dans leur trou. Priant pêle-mêle les pompiers, Jésus, l’EDF et saint Elme. La vouivre riait d’un rire méchant. Elle
était sans pitié. Elle voulait les entendre lui demander grâce, la supplier.
Les entendre pleurer, les voir à genoux. Eux, qui n’avaient eut aucune pitié
pour sa vieille forêt.
« Vouivre »
grondait le ciel. La nuit mangeait le paysage. La nuit tenait le village dans
sa gueule fermée. Plus rien ne brillait sauf le feu de l’escarboucle sur le
front de Vobéra. Et les petits humains pensaient à la fin du monde en sentant
la colère du ciel leur tomber sur la tête.
Au bout du compte, au
matin dévasté, les hommes comprirent enfin. Ils oublièrent leur route. Ils
trouvèrent des raisons économiques, géologiques et même écologiques pour ne
plus traverser la vieille forêt. Gageons que des routes ils en feront plus
loin, là où il n’y a pas de Vouivre.
Quant à Vobéra, elle vit
peu à peu sa grotte redevenir comme aux temps anciens un lieu de pèlerinage
pour les gens du pays. Ils viennent là déposer un joli caillou, un petit gâteau
ou un pot de miel pour la remercier de sa féerique protection. Si vous passez
par-là, n’hésitez pas à lui faire une visite. C’est une profonde caverne de
roches grises et moussues. Pour la trouver, c’est facile, c’est là où il n’y a
pas de route…
samedi 19 avril 2014
Le Jardin des Fées
Dans le jardin des fées
La vie vous semble douce
Et vos rêves dorés
S’ébattent sur la mousse
Sous la beauté lunaire
S’égarent les prodiges
Les arbres sont si verts
Qu’ils donnent le vertige
Dans le jardin des fées
L’irréel fait du miel
Vous voilà jardinier
D’un monde sans pareil
Tous ces jolis mensonges
Ont un parfum de menthe
Qui peu à peu vous ronge
Sous les étoiles filantes
Dans le jardin des fées
De noires fleurs vous charment
Des roses empoisonnées
Qu’on arrose de larmes
Comme des serpents glacés
Des senteurs vous enlacent
Vous vous croyez aimé
Sans voir le temps qui passe
Dans le jardin des fées
S’est fanée la jeunesse
Voici l’heure affolée
D’épouser la tristesse
Comme une longue sieste
Votre vie s’est rêvée
De tout cela ne reste
Qu’un petit rire de fée
mardi 1 avril 2014
La légende du Nazent
Dans
le panthéon merveilleux de Franche-Comté, il existe toutes sortes de créatures.
Bonnes ou mauvaises. Belles ou affreuses. Il en est de très connues, de très célèbres, comme la Vouivre, les Dames Vertes, les Foultots ou Tante Arie mais on y compte aussi des êtres plus obscurs. Des personnages
au caractère malicieux et mystérieux dont le souvenir a aujourd’hui presque totalement
disparu. Heureusement pour vous, je suis là pour vous entretenir de choses dont
la plupart des gens d’aujourd’hui se contrefichent. Je suis là pour vous rappeler que la vie est
aussi faite de magie et de mystère. Que l’existence ne se résume pas uniquement
à l’économie, la crise et le prix du diesel. Qu’il existe des choses bien plus
fascinantes que le dernier bouquin de
Marc Lévy ou la dernière chanson de Pascal Obispo. Oui, je sais, c’est
difficile à croire.
Par
exemple, il existe un être fabuleux dont personne, j’en suis presque certain, ne vous a jamais parlé. On l’appelle parfois l’esprit des champs ou l’Herbeux
mais son nom le plus courant c’est
le Nazent. Oui le Nazent était autrefois presque aussi répandu en Comté que les
graviers dans un sac de lentilles.
Le
Nazent commun était comme une espèce de poupon. Vous savez, un de ces petits bébés en celluloïd dont
raffolaient les petites filles d’autrefois. Seulement le Nazent était un poupon
très particulier, un poupon sauvage. Son corps potelé se trouvait entièrement
recouvert de longs poils verts. Des poils qui ressemblaient à des touffes
d’herbes. De mauvaises herbes ! Cette particularité physique lui permettait
d’être particulièrement discret. Ainsi quand il s’allongeait dans un champ ou
une prairie, on pouvait passer juste à côté de lui sans soupçonner sa présence.
Le Nazent était comme invisible. Il avait deux petits yeux aussi ronds et
jaunes qu’un pistil de pâquerette. Il me faut toutefois vous préciser une chose
à propos de ces êtres fantastique. Une chose un peu délicate à dire. A vous parler franchement, les Nazents sont un
peu nazes. Quand je dis « naze »
je veux dire un peu stupides. Pas très développé du côté de la cervelle.
Le Nazent moyen était comme on dit « Bête à manger du
foin ! ». D’ailleurs il en
mangeait. Le Nazent avait la particularité d’être un herbivore. Et
dans un sens ce fut la cause
principale de sa disparition.
Vous
aurez sans doute notez que je parle du Nazent plutôt au passé. C’est hélas le
cas pour la grande majorité de ces paisibles créatures. Ils sont passés, voir
trépassés. On peut même affirmer que la plupart d’entre
eux connurent une fin particulièrement tragique. C’est hélas souvent le cas
pour les peuples de nature pacifique. A ce qu’on en sait, seuls quelques rares
spécimens survivent encore de nos jours dans les endroits les plus sauvages de la
Comté. Là où les hommes ne s’aventurent que très rarement. La où la nature ne
se voit pas trop bouleversé par l’urbanisme galopant ou l’agriculture
intensive. Car vous l’aurez surement deviné
les hommes furent les grands prédateurs des Nazents. En toute justice, il
convient toutefois de préciser qu’Ils ne
le firent pas vraiment exprès. Les Nazents ne furent pas décimés comme les
bisons ou les loups. On ne pratiqua aucune chasse intensive contre eux. On ne
fit pas de battues, aucun trappeur ne posa de pièges avec l’idée fixe de se débarrasser d’eux. Non, ce fut encore plus navrant que cela. L’ironie
de leur histoire c’est que les hommes éradiquèrent les Nazent par
accident. Oui, ce ne fut pas un acte volontaire. A dire vrai, la plupart d’entre eux ne s’en rendit même pas compte.
Je
vous l’ai dit le Nazent est herbivore et ce fut là son drame. Lorsque les
hommes prirent l’habitude de planter du gazon autour de leurs maisons. Le
Nazent s’en montra particulièrement gourmand. Oui, une fois qu’il eut goûté à
la pelouse des hommes le Nazent en devint dingo. Il abandonna presque toute
autres nourriture.
Comme
Les Nazent sont un peu caméléon quand il s’agit de matières végétales. Ils
colonisèrent bien vite les pelouses des
quartiers pavillonnaires. Ils se couchaient dans le gazon et devenaient tout à
fait invisible. Ainsi ils pouvaient tout à loisir se régaler de cette herbe
nouvelle qu’ils trouvaient si savoureuses. Cette attitude comportait hélas de
gros risques…
Ainsi
d’après les historiens des peuples fabuleux, Les Nazent semblent avoir presque totalement
disparut des lors que fut inventé la tondeuse à gazon. Et il est à craindre qu’une grande majorité
d’entre eux terminèrent leur merveilleuse existence sous forme de composte.
Personnellement je suis pour
l’éradication totale des débroussailleuses et des tondeuses à gazon. Sans ces
machines imbéciles les Nazent ne serait pas en voie de disparition. Alors aux
printemps prochains, faites un bon geste ne tondez plus vos pelouses car vous
risquez peut-être de mettre en danger des
êtres légendaires! ’
Inscription à :
Articles (Atom)