lundi 26 septembre 2011

Les Esprits Voltigeants

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C’était vraiment un beau dimanche d’automne. Un jour parfait pour aller faire un dernier pique-nique. Juste avant qu’il ne fasse trop froid. Un déjeuner sur l’herbe avec une grande nappe blanche et un gros panier d’osier rempli de salades multicolores et de petits sandwichs aux cornichons. Tom Barbot adorait ces festins en plein air. A huit ans, c’est lui qui avait suggéré à ses parents cette sortie dominicale. Franchement, c’était quand même plus chouette que de rester à la maison en compagnie de Michel Drucker.
Ce dimanche-là, après avoir roulé au petit bonheur sur de sinueuses routes champêtres, Tom et ses parents avaient déniché l’endroit idéal pour un pique-nique. Vers midi, ils s’étaient installés dans un joli coin de la campagne jurassienne, à l’ombre d’un vieux chêne aux feuilles déjà jaunissantes. La famille Barbot se trouvait non loin du village de Montbarrey à l’orée de la grande forêt de Chaux. Une forêt hantée par de nombreuses légendes.
Il faisait bon. Installés sur la nappe blanche la famille Barbot croquait cette belle journée d’automne à pleines dents. Complice, le soleil blanc leur lançait, de temps à autre, un petit clin d’œil à travers le feuillage. C’était vraiment une bonne idée de ne pas être resté scotché devant la télévision. Pour finir le repas, madame Barbot, toute souriante, a sorti de la glacière son fameux gâteau au chocolat.
Bien élevé, Tom demanda la permission d’aller manger son dessert en se baladant un peu dans la forêt. Sa mère a dit « d’accord mais ne t’éloigne pas trop ». La mère de Tom était une personne à priori raisonnable sauf qu’elle s’entêtait depuis des années à faire des pâtisseries au goût de carton bouilli. Aussi Tom n’était pas mécontent d’aller jouer au petit Poucet, en émiettant sa grosse part de gâteau sur le sentier. Après tout semer des traces sur son chemin n’était peut-être pas une si mauvaise idée car on appelait cet endroit « la forêt qui n’en finit jamais ». S’y perdre devait être des plus angoissants. Tom se retourna pour voir s’il ne s’était pas trop éloigné. Là, il vit posée sur le sentier une drôle de petite bestiole ailée. Elle reniflait une miette de chocolat que le gamin avait semé en marchant. Elle hésita un instant puis s’envola bien vite en emportant la miette entre ses pattes.
« Enfin quelqu’un qui aime les gâteaux de ma mère ! », fit Tom en rigolant.
Le gâteau au chocolat de sa mère devait être au goût de l’étrange bestiole car elle est revenue très vite pour voir si il en restait encore. Mais cette fois suivit par toute une bande de zigomars dans son genre. Accroupi contre un tronc d’arbre, Tom Barbot observait les bestioles qui maintenant par dizaines picoraient les miettes qu’il avait semé sur le chemin. Tom n’avait encore jamais vu ce genre d’insectes. Presque aussi gros que des oiseaux. A se demander si tous les animaux de cette forêt présentaient une taille anormale ? Sans qu’il y prenne garde, les fameuses bestioles vinrent virevolter autour de lui. Instinctivement, le gamin se mit à leur lancer en l’air les derniers morceaux de son gâteau et elles se chamaillèrent ces gourmandises comme des moineaux dans un square. Quand il eut les mains vides, ces petites bêtes aériennes vinrent faire du sur-place à quelques centimètres de son nez. Et là, Tom Barbot eut le choc de sa vie ! Vu de près elles ressemblaient à des espèces de libellules avec… des têtes de lutins ! Oui, oui de lutins avec bonnet, barbe pointue et tout le tintouin, des lutins, quoi ! Dans les vieilles légendes du pays, on les nommait : 
« les Esprits Voltigeants ». Mais ça Tom ne le savait pas. Devant ce spectacle si étrange, il restait immobile avec la bouche ouverte comme une gargouille de cathédrale. Éberlué, qu’il était. Ça lui faisait un peu comme s’il venait de marcher sur la lune. Des lutins ailés !? C’était… c’était… Tom n’eut pas le temps de trouver le mot juste.
Au loin, on criait son nom. Ses parents commençaient à s’inquiéter. Alors dans un souffle de vent, la petite bande lutine a disparut dans les profondeurs de la forêt de Chaux. Laissant au cœur du gamin une nostalgie immortelle.

Tom Barbot n’a rien raconté de cette fabuleuse rencontre à ses parents. S’il leur avait parlé des lutins ailés, sûr de sûr que son père aurait illico froncé les sourcils et rouspété qu’il était grand temps de grandir. Et Tom, grandir, il n’en avait pas très envie…

samedi 10 septembre 2011

le Dragon écologiste


Ce fier et beau  Dragon, je l'avais rencontré , il y a quelques années trônant à l'entrée des jardins du Muséum d'Histoire Naturelle à Paris. On avait sympathisé. Et puis vous savez ce que c'est, on se dit qu'on s'écrira, qu'on se donnera des nouvelles. Et puis le temps passe...


Tout dernièrement, j'ai eu le plaisir d'avoir de ses nouvelles. Le Dragon a déménagé, il a quitté Paris  pour s'installer, en 2008, sur un rond-point à Claye-Souilly. Bon, la Seine et Marne c'est un peu moins prestigieux que la Capitale mais je trouve que mon ami Dragon ne s'en sort pas si mal.


Oeuvre du sculpteur Gilles de Pennaneac'h, ce Dragon argenté est constitué de matériaux recyclés comme des boîtes en aluminium et des bouteilles de plastiques. Il avait donc toute légitimité à devenir l'un des symboles de Claye-Souilly, commune qui se dit "résolument tournée vers le Développement Durable". Un esprit curieux ne manquera pas de relever qu'on peut lire dans le regard bleu de cette créature fabuleuse, le sigle recyclage.



Depuis le temps que je répète que l'avenir des êtres fabuleux se trouve dans l'écologie ! Le Dragon De Claye-Souilly en est une preuve supplémentaire.

mardi 6 septembre 2011

Le " Lindwurm " de Klagenfurt


Un dragon étonnant occupe le centre de Klagenfurt, capitale de Carinthie. Follement redouté de son "vivant", ce gros malin a réussit à devenir l'emblème de cette ville autrichienne.


La Légende dragonesque

Si l'on en croit la légende ce fameux Linwurm terrorisait la région au Moyen-Âge. Pour se nourrir la créature faramineuse se servait copieusement dans les troupeaux de vaches et de moutons. Il ne dédaignait pas aussi, de temps à autres, de croquer un humain pour son dessert. A la longue, le commerce a finit par souffrir terriblement de cette présence monstrueuse. Et quand le commerce souffre, les hommes paniquent vite. Le grand ponte du coin a offert une grosse récompense à celui qui capturerait le dragon. Des gars fort intrépides et bien malins ont décidé qu'il allaient pécher le Lindwurm. Oui, pécher!
Ils ont bricolé, une sorte de grosse chaîne attachée  sur une haute tour en pierres. Au bout  de la chaîne, ils fixèrent solidement un énorme crochet de fer avec, en guise de ver de terre, le plus gros boeuf de la région. Le stratagème pouvait paraître simpliste mais il a fonctionné du tonnerre.
Le Lindwurm, attiré par les beuglements du boeuf, quitta le marécage brumeux où il vivait. Les hommes postés dans la tour virent alors approcher un monstre au long corps écailleux avec de grands yeux vitreux. De la vapeur noire lui sortait des narines ! Devant le boeuf, il ouvrit sa large gueule et croqua sa proie. On peut dire qu'il le regretta aussitôt. Les gars ont alors tiré comme des brutes (qu'ils étaient) sur la chaine et l'hameçon géant s'enfonça cruellement dans ses machoires. Une fois le dragon ferré, la troupe d'intrépides a foncé dessus pour terminer de le trucider avec de longs piques en fer.
Après la mort du Lindwurm le commerce est reparti gonflé à bloc et le petit village a prospéré jusqu'à devenir la grande et belle citée de Klagenfurt.

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Pour commémorer la mémoire de ce Dragon "fondateur de Klagenfurt", les habitants ont édifié en 1590  une fontaine monumentale.
Depuis le Lindwurm se décline en chocolat et même tout dernièrement en pièce de 10 euros.


On ne peut qu'être épaté devant une telle longévité...