Personne
ne savait au juste à quoi elles ressemblaient vraiment. N’empêche qu’en ce temps-là, vous n’auriez trouvé
personne pour douter de leur existence. Dés leur plus jeune âge, les mères apprenaient aux
enfants qu’il ne faut jamais s’approcher de la forêt les nuits de pleine lune. Au
matin de la Saint-Jean, les bûcherons qui sont ordinairement des rustauds de la
pire espèce ne manquaient jamais de tresser des couronnes de fleurs qu’ils
accrochaient pour elles aux branches d’un vieil aubépin. Les jeunes filles qui souhaitaient trouver un
gentil fiancé pouvaient leur déposer un pot de miel ou de confiture de cynorhodons
au pied d’une sorte de menhir. Même s’ils ne l’avouaient pas, les villageois
s’y référaient bien plus qu’à la sainte Vierge.
Ici on ne les appelait pas des « fées ». Les rares fois, où
les gens du hameau parlaient d’elles, ils disaient les « renardes ». Le mot n’avait l’air de
rien mais, ils ne le prononçaient jamais facilement, ils le chuchotaient. Parfois dans les conversations certaines
expressions locales y faisaient allusion. On employait « Il a dansé avec les renardes » comme
une façon de dire « il a perdu l’esprit, il est devenu fou ». En
hiver, quand le soleil rougeoyait l’horizon, il arrivait qu’une vieille
radote : « les renardes font
cuire leur pain ».
Bien
sûr quand un voyageur égaré ou un
colporteur nomade passaient au hameau de la Renardière c’était bouche cousue...
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