jeudi 5 septembre 2013

Le ru des fées






Cela fait déjà bien longtemps que je le chante sur tous les tons, que je m’use la langue à le rabâcher  sans me lasser, aussi je ne vais pas hésiter à vous le radoter encore aujourd’hui: les vraies fées n’ont rien à voir avec les belles dames des contes de fées. Oui mesdames messieurs qu’on se le dise une bonne fois pour toute ! Et Tant pis si cela doit décevoir des troupeaux entiers de fillettes abreuvée de contes de Perrault assaisonné de Walt Disney mais  les vraies fées ne ressemblent pas  à la marraine de Peau d’Ane ni à celle de Cendrillon ! C’est comme çà, on y peut rien. C’est juste la vraie vérité.

La plupart des choses que je connais à propos des fées de Franche-Comté, je le tiens de ma grand-mère. Et il ferait beau voir que quelqu’un vienne à la traiter de menteuse ! Si ma grand-mère affirme que les fées de chez nous ne portent pas de chapeau pointu, ni de grande robe aux couleurs de l’arc-en-ciel c’est qu’elle en connait un bout sur le sujet. Car des fées, voyez-vous, ma grand-mère en a vraiment rencontrer durant sa longue existence. Et pas qu’une fois !
Quand elle était encore toute gamine ma grand-mère habitait une petite ferme du côté d’Héricourt. À deux pas de chez elle coulait un modeste cours d’eau qu’on appelait le ru des fées. Aujourd’hui, les habitants des environs ont oublié son nom mais il coule toujours. Quant à savoir s’il y a encore des fées çà c’est une autre histoire. En tous cas en 1926, les gens du coin croyaient que  des fées habitaient dans ce ruisseau. Et dites-vous bien qu’en 1926 les gens n’étaient pas plus crédules qu’aujourd’hui, seulement en 1926 on n’avait pas la télévision ni internet alors on était encore curieux du monde d’alentours. Et si l’on veut bien y prêter attention,  on se rend compte que le monde d’alentours est souvent rempli de choses mystérieuses. Les fées rustiques qui voisinaient non loin de la ferme de ma grand-mère étaient du genre discret et ne se montraient pas à tout le monde. Les rares personnes à les avoir aperçut disaient qu’elles ressemblaient à  une sorte de belette ou d’écureuil. Ils ajoutaient aussi qu’il valait mieux ne pas les déranger car elles possédaient un méchant caractère. C’était si vrai que les pêcheurs  d’écrevisses évitaient  de venir mouiller leurs bottes dans leur ruisseau.
Quand elle était petite fille ma grand-mère n’était pas plus sage qu’une autre. Et même, à l’en croire,  peut-être un peu moins que la moyenne.  Elle montrait déjà une insatiable curiosité pour le monde d’alentour. Et c’était souvent cette curiosité qui l’incitait à ne pas toujours suivre les conseils des grandes personnes. On l’avait souvent avertit qu’il ne fallait pas s’approcher du ru des fées, tout particulièrement quand tombait le soir. Et bien elle n’avait rien écouté. Pour elle si on lui disait de ne pas y aller c’était qu’il y avait surement quelque chose de très intéressant à y voir. Aussi un soir du mois de septembre 1926, ma grand-mère s’approcha du ruisseau à pas de loup et ma foi elle ne fut pas déçue. Elle arrivait à quelques pas du bord quand elle vit détaler une espèce de jolie bestiole toute blanche. Alors aussi sec la gamine s’est lancer à sa poursuite. Pensez donc, attraper une fée ! Ce n’était pas une aventure à manquer. La petite à traverser le ruisseau puis elle a courut aussi vite qu’elle le pouvait, à s’en faire exploser les poumons mais la petite créature à finit par lui échapper. Ma grand-mère est rentrée chez elle sans être trop déçue car elle se disait que tout de même ce n’était pas tout l’monde qui avait la chance de courir après une fée.
Le lendemain matin quand elle a voulut s’habiller, elle a retrouvé ses habits tout grignotés. Un vrai désastre vestimentaire. Comme si des rongeurs s’étaient amusés à les perforés avec leurs petites dents pointues. Bien sûr elle a trouvé çà étrange. Mais sur le coup elle n’a pas fait le lien avec sa course folle de la veille. Sa poursuite de la fée. Mais voilà la nuit suivante ça a été pareil, et celle d’après encore. Jusqu’à ce qu’elle raconte tout à sa mère.
Sa mère lui a dit : c’est parce que tu as poursuivit la fée du ruisseau. Elle est venue se venger. En suivant ton odeur elle a trouvé où tu vivais et elle à croqué tes habits. Je t’avais prévenu ces fées-là n’ont pas bon caractère.
C’est à ce moment-là que ma grand-mère à comprit qu’il fallait respecter les créatures faramineuses du monde d’alentour alors pour se faire pardonner elle a été porter une poignée de noisettes au bord du ruisseau. Et depuis cette fois-là elle n’a plus jamais eut d’ennui avec les fées. Elle était pour toujours devenue leur amie. Et c’est comme çà que je me souviens d’elle comme une amie des fées.

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