lundi 30 novembre 2009

loin de la ville sauvage


Elfe-lichen
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Chaque jour le fantastique nous guette et nous ne savons plus comment nous faire attraper. ......

mardi 24 novembre 2009

rue du Ru


Prisonniers d'un monde grippé d'humains mécaniques.
Dans l'eau des ruisseaux glissent nos vieux rêves de fées...

mardi 10 novembre 2009

Le Fada

Petit, on l'appelait le fada. Sans plus savoir que le sens ancien en était "élu des fées". Effarant famille et voisins, il marmonnait tout seul les nuits d'orage. Agitait ses petites mains en fugitives danses vers des êtres invisibles. Un fada, qu'on vous dit.
Il grandit. Glissant entre piètres moqueries et puériles craintes. Le fada qu'on disait toujours. Par ci, par là, c'était de lui qu'on riait. Et certains rires ont de belles dents!
A ses dix-sept ans, fada, il restait. La rumeur villageoise murmurait qu'il n'était pas normal. Ne jurait jamais après le renard ! Ne mentait pas sur sa fortune ! Non, il parlait aux oiseaux. Mangeait des pommes encore vertes. Courait la campagne les nuits de pleines lune. Prenait des bains de pieds dans les ruisseaux. Au village, de jeunes imbéciles, derrière leurs volets noirs, rêvaient de devenir fadas. Plus tard.
Dans les temps de Noël, la nuit de la Saint-Bavard, le fada suivit la lune derrières les bois sombres et déboucha dans la prairie. Là, il se sentit happé, soulevé vers le ciel géant où brillait l'astre blanc. Dans la brume il vit mille choses inracontables. Mille choses et le fantôme souriant de sa grand-mère. Ivre, il se laissa glisser au pied d'un vieil arbre mort. le "chêne blanc" qu'on disait. C'était le nid secret d'une minuscule Dame Verte. Fée moqueuse à la voix de grenouille. Gesticulante sur les vieilles branches, elle lui cria de partir avec plein de postillons sucrés et des gros mots de fée!
Lui, tout estourbi, découvrait qu'il n'avait de sa vie jamais rien vu d'aussi joli. Même la Sainte Vierge de l'église ne lui arrivait pas à la cheville ( bien-sûr, il évita de le dire).
Trois cent soixante quatre nuits, il est revenu. Et la nuit suivante, les antiques esprits du pays se sont approchés, déguisés en Demoiselles Blanches pour danser une ronde et lui offrir leurs légendes jaunies. Alors, nuit à nuit, lune à lune, le fada s'est transformé en ...conteur.
Sous le chêne blanc, les enfants l'écoutaient, les vieux l'écoutaient, les jolies filles l'écoutaient... Par ci, par là, on répétait ses histoires. Il contait les farces des Foultots, les amours des fées pâles et nues, les trésors des Vouivres. Il en avait toute une ribambelle dans sa musette.
Dés lors, entre Dame Verte et vieilles fables, le Fada eut la plus belle vie qu'on put avoir. Certaines nuits de pleine lune, on dit chez nous, que dans le vent de décembre on peut l'entendre encore.