samedi 19 avril 2014

Le Jardin des Fées




Dans le jardin des fées
La vie vous semble douce
Et vos rêves dorés
S’ébattent sur la mousse

Sous la beauté lunaire
S’égarent les prodiges
Les arbres sont si verts
Qu’ils donnent le vertige

Dans le jardin des fées
L’irréel fait du miel
Vous voilà jardinier
D’un monde sans pareil

Tous ces jolis mensonges
Ont un parfum de menthe
Qui peu à peu vous ronge
Sous les étoiles filantes

Dans le jardin des fées
De noires fleurs vous charment
Des roses empoisonnées
Qu’on arrose de larmes

Comme des serpents glacés
Des senteurs vous enlacent
Vous vous croyez aimé
Sans voir le temps qui passe

Dans le jardin des fées
S’est fanée la jeunesse
Voici l’heure affolée
D’épouser la tristesse

Comme une longue sieste
Votre vie s’est rêvée
De tout cela ne reste
Qu’un petit rire de fée

mardi 1 avril 2014

La légende du Nazent




Dans le panthéon merveilleux de Franche-Comté, il existe toutes sortes de créatures. Bonnes ou mauvaises. Belles ou affreuses.  Il en est de très connues, de très célèbres,  comme la Vouivre, les Dames Vertes, les Foultots ou Tante Arie mais on y compte aussi des êtres plus obscurs. Des personnages au caractère malicieux et mystérieux dont le souvenir a aujourd’hui presque totalement disparu. Heureusement pour vous, je suis là pour vous entretenir de choses dont la plupart des gens d’aujourd’hui se contrefichent.  Je suis là pour vous rappeler que la vie est aussi faite de magie et de mystère. Que l’existence ne se résume pas uniquement à l’économie, la crise et le prix du diesel. Qu’il existe des choses bien plus fascinantes que le dernier  bouquin de Marc Lévy ou la dernière chanson de Pascal Obispo. Oui, je sais, c’est difficile à croire.
Par exemple, il  existe  un être fabuleux dont personne,  j’en suis presque certain,  ne vous a jamais parlé. On l’appelle parfois l’esprit des champs ou  l’Herbeux  mais son nom le plus courant c’est le Nazent. Oui le Nazent était autrefois presque aussi répandu en Comté que les graviers dans un sac de lentilles.
Le Nazent commun était comme une espèce de poupon. Vous savez,  un de ces petits bébés en celluloïd dont raffolaient les petites filles d’autrefois. Seulement le Nazent était un poupon très particulier, un poupon sauvage. Son corps potelé se trouvait entièrement recouvert de longs poils verts. Des poils qui ressemblaient à des touffes d’herbes. De mauvaises herbes !  Cette particularité physique lui permettait d’être particulièrement discret. Ainsi quand il s’allongeait dans un champ ou une prairie, on pouvait passer juste à côté de lui sans soupçonner sa présence. Le Nazent était comme invisible. Il avait deux petits yeux aussi ronds et jaunes qu’un pistil de pâquerette. Il me faut toutefois vous préciser une chose à propos de ces êtres fantastique. Une chose un peu délicate à dire.  A vous parler franchement, les Nazents sont un peu nazes. Quand je dis « naze »  je veux dire un peu stupides. Pas très développé du côté de la cervelle. Le Nazent moyen était comme on dit « Bête à manger du foin ! ».  D’ailleurs il en mangeait. Le Nazent avait la particularité d’être un  herbivore. Et  dans un sens ce fut  la cause principale de sa disparition.
Vous aurez sans doute notez que je parle du Nazent plutôt au passé. C’est hélas le cas pour la grande majorité de ces paisibles créatures. Ils sont passés, voir trépassés.   On peut même affirmer que la plupart d’entre eux connurent une fin particulièrement tragique. C’est hélas souvent le cas pour les peuples de nature pacifique. A ce qu’on en sait, seuls quelques rares spécimens survivent encore de nos jours  dans les endroits les plus sauvages de la Comté. Là où les hommes ne s’aventurent que très rarement. La où la nature ne se voit pas trop bouleversé par l’urbanisme galopant ou l’agriculture intensive.  Car vous l’aurez surement deviné les hommes furent les grands prédateurs des Nazents. En toute justice, il convient toutefois  de préciser qu’Ils ne le firent pas vraiment exprès. Les Nazents ne furent pas décimés comme les bisons ou les loups. On ne pratiqua aucune chasse intensive contre eux. On ne fit pas de battues, aucun trappeur ne posa de pièges avec l’idée fixe  de se débarrasser d’eux.  Non, ce fut encore plus navrant que cela.  L’ironie  de leur histoire c’est que les hommes éradiquèrent les Nazent par accident. Oui, ce ne fut pas un acte  volontaire. A dire vrai,  la plupart d’entre eux  ne s’en rendit même pas compte.  
Je vous l’ai dit le Nazent est herbivore et ce fut là son drame. Lorsque les hommes prirent l’habitude de planter du gazon autour de leurs maisons. Le Nazent s’en montra particulièrement gourmand. Oui, une fois qu’il eut goûté à la pelouse des hommes le Nazent en devint dingo. Il abandonna presque toute autres nourriture. 
Comme Les Nazent sont un peu caméléon quand il s’agit de matières végétales. Ils colonisèrent  bien vite les pelouses des quartiers pavillonnaires. Ils se couchaient dans le gazon et devenaient tout à fait invisible. Ainsi ils pouvaient tout à loisir se régaler de cette herbe nouvelle qu’ils trouvaient si savoureuses. Cette attitude comportait hélas de gros risques…
Ainsi d’après les historiens des peuples fabuleux,  Les Nazent semblent avoir presque totalement disparut des lors que fut inventé la tondeuse à gazon.  Et il est à craindre qu’une grande majorité d’entre eux terminèrent leur merveilleuse existence sous forme de composte.
Personnellement je suis pour l’éradication totale des débroussailleuses et des tondeuses à gazon. Sans ces machines imbéciles les Nazent ne serait pas en voie de disparition. Alors aux printemps prochains, faites un bon geste ne tondez plus vos pelouses car vous risquez peut-être de mettre en danger  des  êtres légendaires! ’