dimanche 28 octobre 2012

J'aime Halloween !!!


Maintenant que les forces mercantiles lâchent un peu la citrouille à cette vieille fête; j'ai moins de scrupule à avouer que j'aime Halloween !  Ces carnavalesques déambulations nocturnes glissent dans notre banale réalité un goût païen  que je savoure voluptueusement. Oui, j'éprouve un plaisir étrange à croiser, au coin des rues, des fantômes, des sorcières et autres créatures fantastiques quémandeuses de sucreries. J'ai fugacement l'impression de vivre dans un monde  à ma mesure, momentanément dépouillé de ses clowns ordinaires...



Les bonbons d' Halloween

Ca s’est passé à la toute fin de l’autre siècle. Celui qui porte le no 20. Du temps où Halloween tentait de s’installer dans les coutumes franc-comtoises. Après tout, ce fameux Halloween ce n’était rien d’autres que la vieille fête des betteraves creuses de la Saint-Martin mit à la mode américaine.   Pour les gamins l’important c’était surtout   de faire une belle récolte de bonbecs. Et si en plus, ils pouvaient foutre un peu les pétoches à quelques voisins grincheux, çà c’était la cerise  sur le gloubiboulga à la citrouille.
Ce soir du 31 octobre, y’en avait une qui était vraiment contente. C’était Émeline Fontana. La gamine passait les vacances de la Toussaint chez sa Tata Louisette et elle allait participer à sa première fête d’Halloween. C’était vraiment chouette parce que chez elle à Plancher-Bas, Halloween n’était pas encore à la mode. A Mourière, ce hameau de Ronchamp, les déguisements des enfants ne provenaient pas de la Farfouille. Non, ici rien de commercial. C’étaient uniquement des bricolages maison. Un Halloween made in Haute-Saône. Quelques mamans aux doigts de fées avaient hâtivement cousu les costumes des petits monstres qui allaient écumer le quartier. Ils étaient cinq : un diablotin, un zombie, un fantôme et deux sorcières. Fallait voir le tableau. Vers les sept heures du soir, les petites canailles commencèrent leur déambulation dans les rues brumeuses du hameau de Mourières. Ils jouaient à se faire peur avec des lampes de poches, en poussant des rires affreux. La drôle de troupe - allant de porte en porte pour réclamer des bonbons -, faisait un boucan à réveiller les morts.   Ici où là quelques grosses citrouilles illuminées placées sur une fenêtre indiquaient qu’on attendait leur passage. Mais, citrouille ou pas, les cinq collecteurs monstrueux passaient chez tout le monde, soucieux de ne rien négliger pour garnir leurs besaces à friandises. Quand rien n’avait été prévu, les voisins rançonnés improvisaient gentiment et donnaient en vrac un paquet de petit beurres, des pastilles à la menthe, ou même quelques pièces de monnaies.


Les gamins de Mourière terminaient presque leur tournée carnavalesque quand Émeline eut un problème avec son couvre-chef pointu. Le galurin s’entêtait à lui tomber sur les yeux. Aussi, Émeline se laissa quelque peu distancé pour le remettre bien en place. Ne perdant pas de vue ses compagnons, elle fut surprise de voir  qu’ils passaient sans s’arrêter devant ’une grande maison grise. Peut-être que les habitants dormaient déjà ?  Émeline allait, au pas de course, rejoindre les autres quand elle aperçut de la lumière au rez-de chaussée.  Alors, elle se prit le culot d’aller frapper toute seule à la porte de la maison grise.  La grille en fer du portail grinça sinistrement pour saluer la visite de la petite sorcière.
Avant même qu’Émeline ne tire sur la sonnette, une petite dame a ouvert la porte de la maison grise. Elle portait de grosses lunettes aux verres si épais qui lui donnaient des yeux de chouette. Comme elle semblait plutôt surprise de recevoir la visite d’une si jeune sorcière ; Émeline du  lui expliquer ce qu’était Halloween.  La petite dame  eut un sourire malicieux. Cette fête des fantômes l’amusait bien.  Elle abandonna quelques instants la petite devant la porte puis revint avec gros paquet de bonbons roses. «  Fabrication maison » lui précisa-t-elle avant de lui souhaiter une bonne nuit.   Émeline courut bien vite retrouver les autres  qui déjà  vidaient leur sac sur la table de la cuisine de sa Tata Louisette.
C’était le moment de partager le butin. Une petite montagne de sucrerie chimiques et multicolore destinées a enrichir les dentistes et à produire une belle épidémie d’indigestions. Dylan, le plus âgé des cinq réussit l’exploit de faire des parts à peu près égales.  On ne sait pourquoi mais chacun eut envie de commencer son festin sucré par un de ces drôles de gros bonbons roses Jamais encore les gamins, pourtant experts en la matière n’avaient goûté de bonbons aussi bons.. En vérité, des bonbons à se damner ! Chacun se demandait qui avait put offrir une chose aussi délicieuse quand Émeline, la bouche pleine, révéla que c’était la vieille dame de la maison grise.
Les quatre gamins de Mourière tournèrent vers elle, leurs grands yeux tout ronds. La grosse maison grise ? Celle avec le portail en fer forgé ? demanda doucement Dylan. Bin ouais, vachement sympa la mémé, précisa Émeline. Mais… mais, ce n’est pas possible. Maman dit que ça fait plus de vingt ans que la maison grise n’est plus habitée !?
Quand  Dylan eut annoncé cette chose incroyable, aussitôt les bonbons roses prirent dans la bouche des enfants, un méchant petit goût salé et poivré